Publié le 31/03/2021 Temps de lecture : 6 min
Depuis 2009, le musée des impressionnismes à Giverny invite à la découverte de ce mouvement pictural du XIXe siècle à travers des expositions phares regroupant peintures, photographies, dessins ou encore sculptures. Chaque année, le lieu ferme ses portes au 1er novembre pour rouvrir au printemps de l’année suivante. Et pendant cette pause hivernale, les équipes s’activent à la préparation de la nouvelle saison. Nous avons eu la chance de découvrir l’envers du décor : bienvenue dans les coulisses du musée !
Quelques mots sur l’exposition 2021 « Côté Jardin. De Monet à Bonnard »
Cette année, pour sa réouverture, le musée des impressionnismes Giverny organisera une exposition unique intitulée « Côté Jardin. De Monet à Bonnard » dans laquelle le jardin sera mis à l’honneur. Une centaine de peintures, estampes et dessins des plus grands noms impressionnistes et Nabis (Claude Monet, Pierre Bonnard, James Tissot, Auguste Renoir, etc.) seront présentés avec un objectif : confronter les visions à la fois contradictoires et complémentaires qui unissent ces deux mouvements.
Alors que l’organisation d’une exposition prend en moyenne trois ans, l’idée de « Côté Jardin. De Monet à Bonnard » a vu le jour seulement en septembre 2020 après une période d’incertitude, entre annulations et reports, liée à la crise sanitaire. Les équipes du musée ont donc dû rapidement s’organiser. Au total, une centaine d’œuvres en provenance de Normandie et de région parisienne seront exposées dont une trentaine prêtées par le musée d’Orsay dans le cadre d’un partenariat. L’exposition accueillera également une pièce majeure du musée de Bayeux, une huile sur toile de Gustave Caillebotte de 1876 intitulée « Portraits à la campagne ».
Et une chose est sûre : « Côté Jardin. De Monet à Bonnard » se veut vivante ! En effet, si l’exposition va durer 7 mois, la grande majorité des prêts d’œuvres dépasse rarement les 3 à 4 mois. Les équipes du musée ont donc dû trouver de nouvelles œuvres afin de remplacer celles qui partiront en cours de route.
La préparation des galeries
Les salles d’exposition
Chaque année, les salles sont repeintes avec des couleurs différentes afin d’être en harmonie avec les œuvres exposées. Pour 2021, dans le cadre de l’exposition « Côté Jardin. De Monet à Bonnard », rouge, gris clair, vert pâle et bleu seront à l’honneur.
La disposition
Afin d’obtenir un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’exposition une fois les œuvres en place, leurs photos sont disposées dans les différentes salles, à même le sol. Cela permet d’obtenir la meilleure disposition, harmonie et atmosphère possible : il ne s’agit pas seulement d’exposer des œuvres mais de raconter une histoire au fur et à mesure de la visite.
La lumière
Si les couleurs des murs sont importantes, la lumière aussi joue un rôle-clé. Elle permet de changer la perception d’un tableau et d’apporter de la vie à l’exposition. Les spots ne sont donc pas placés de manière uniforme mais orientés afin de mettre en avant certaines œuvres.
Le parcours de l’exposition
Thématique et chronologique, le parcours de l’exposition proposera 6 sections portant sur l’espace, l’absence, la rêverie, le jeu, les jardins luxuriants et le retour vers l’impressionnisme :
- Section 1 – « Espaces indécis » évoquera la représentation que se font les peintres impressionnistes et nabis sur le jardin
- Section 2 – « Absences » mettra à l’honneur la figure féminine, souvent prise pour modèle
- Section 3 – « Rêveries » évoquera le jardin comme un espace propice aux femmes pour s’adonner en silence à leurs rêveries
- Section 4 – « Jeux, squares et jardins publics » exposera la vision des peintres quant aux jardins publics apparus dans la seconde moitié du XIXe siècle
- Section 5 – « Jardins luxuriants » présentera une nature désordonnée où la végétation reprend ses droits
- Section 6 – « Retour vers l’impressionnisme » avec un retour aux sources après la mise à l’écart de ce mouvement pictural par les peintres Nabis
La réserve, lieu de conservation et de préservation
Fermée au public, la réserve est l’endroit où sont entreposées les œuvres lorsqu’elles ne sont pas exposées dans les galeries du musée. C’est également en ce lieu qu’elles sont passées au peigne fin dans le but d’y déceler d’éventuelles anomalies à restaurer.
Parmi ces œuvres au repos, nous avons eu l’occasion d’admirer l’une des dernières acquisitions du musée : un relief en bronze de 1891 d’Alexandre Charpentier, sculpteur, médailleur, ébéniste et peintre français, représentant le peintre Maximilien Luce. Nous nous sommes également arrêtés devant le buste du célèbre peintre Claude Monet.
Relief en bronze d’Alexandre Charpentier © ADT de l’Eure © ADT de l’Eure Buste de Claude Monet © ADT de l’Eure
À ce jour, le musée dispose d’une collection permanente d’environ 230 œuvres et la volonté d’agrandir cette dernière. La recherche de la perle rare se fait ainsi tout au long de l’année en visitant des salons, foires, galeries ou grâce aux bruits de couloir. Et il arrive même parfois que de généreux collectionneurs fassent don d’un de leurs biens au musée.
Travail préparatoire de l’exposition
Côté scénographie, l’équipe du musée possède des plans des différentes salles sur lesquels des photos miniatures mais à l’échelle des œuvres sont disposées. L’objectif est de pouvoir rapidement visualiser celles disponibles ou celles manquantes mais aussi l’harmonie globale (ou non) concernant leur disposition.
© ADT de l’Eure © ADT de l’Eure
Sur les murs, nous avons pu admirer une série de tests concernant l’affiche principale de l’exposition. On y voit une déclinaison de visuels, de typographies et de couleurs qui, au fur et à mesure des essais, ont mené à la validation de l’affiche définitive.
Enfin, un catalogue, disponible à l’achat, a également été conçu et regroupe l’ensemble des œuvres de l’exposition et leur histoire personnelle.
Un jardin à l’image du musée
Une structuration bien pensée
Structuré et symétrique, le jardin du musée se compose de parterres fleuris, appelés des chambres. Ce terme désigne un espace entouré de haies permettant de créer une ambiance « intimiste ». Les chambres thématiques (rosiers, aromatiques, etc.) succèdent ainsi aux chambres de couleurs (jaune, bleu, rose, etc.).
Côté ouest et contrairement au reste du jardin, deux autres chambres changent chaque année : elles sont imaginées en rapport avec les expositions proposées par le musée et réalisées en partenariat avec des entreprises horticoles locales. Cette année, en référence à l’exposition « Côté Jardin. De Monet à Bonnard », l’un d’entre eux représentera un jardin d’ambiance « grand-mère », fleuri et impressionniste où le jaune et le rouge domineront. Le second reflètera davantage une ambiance square à l’esprit jardin de lecture.
Ici, tout est pensé avec comme fil conducteur la peinture et la couleur en hommage aux impressionnistes. Et vue du ciel, la disposition du jardin, de ses différentes chambres et couleurs rappelle la palette du peintre.
© 2018 François Guillemin
Une floraison d’avril à octobre
Dès la fermeture du musée au mois de novembre, les équipes du jardin s’attellent à la préparation pour le printemps et ce, jusqu’à la mi-décembre : les fleurs sont déterrées, les massifs bêchés avant d’attaquer la plantation des fleurs bisannuelles et des bulbes de printemps pour que pensées et pâquerettes, entre autres, soient au rendez-vous dès le mois d’avril.
Puis en janvier et février, une grosse partie du travail consiste à désherber les massifs mais aussi à tailler les haies, ce qui représente un défi pour les jardiniers : l’idée est que le musée, le principe des chambres et leur côté cloisonné soient visibles de la rue. Enfin, fin mai, les fleurs de printemps sont enlevées pour laisser place à celles d’été.
Côté approvisionnement, les fleurs sont achetées à une productrice locale. Et si certaines variétés sont incontournables d’une année à l’autre, les équipes ont à cœur d’en proposer de nouvelles au public.
Jardin du Musée des Impressionnismes, Giverny © François Guillemin © ADT de l’Eure
Un entretien naturel
Pour l’entretien, aucun produit chimique n’est utilisé. Au fil des années, un équilibre naturel s’est mis en place dans le jardin. Les quelques nuisibles ne restent pas longtemps et à défaut, se feront manger par d’autres insectes. Pour le reste, des procédés naturels sont utilisés :
- Le ferramol (un concentré de phosphate de fer) va couper l’appétit des limaces,
- Certaines huiles végétales vont permettre de lutter contre les pucerons et cochenilles sur les thuyas,
- Le fumier est utilisé dans les massifs en guise d’engrais.